« ÊTRE CONTRE L’AUTRE OU Y ÊTRE TOUT-CONTRE ? »
De l’encontre à la rencontre.
Etienne Fruchard (1)
Directeur depuis 2001 d’une association qui gère, entre autres, deux Espaces de Rencontre, il m’est
proposé d’écrire un article sur ce dispositif en général et sur la notion de rencontre en particulier. C’est
avec joie que je m’y essaie.
La Recampado est une association située à Aix-en-Provence qui porte cinq services avec par ordre
d’apparition : Le service Espace de Rencontre, un service de médiation familiale (conventionné par la
CAF pour 5,6 ETP), un service de consultation appelé « Ecoute famille », un service REPI (Relation
Enfant-Père incarcéré) et enfin un service de Visites Médiatisées pour les situations relevant de la
protection de l’enfance.
Avertissement : Pour ne pas alourdir la syntaxe j’écrirai enfant au singulier même si parfois plusieurs
enfants peuvent être concernés dans les situations décrites. Le nous employé englobe à mon propos les
équipes passées et actuelles de ce service. Ce témoignage résulte de ce qui m’a été donné de voir de ce
travail au travers des passionnantes discussions que nous avons eues, sans que j’y participe directement.
Il est restitué ici à travers mon filtre.
Que signifie rencontre ? Se rencontrer ? Quelles conditions ou prédispositions sont nécessaires ? Qu’est-
ce que cela implique ?
Comment notre société contemporaine en est arrivée à instituer des lieux dédiés à la rencontre enfant-
parent ?
Quel espace bien particulier peut favoriser ces rencontres et accompagner ses effets ?
Quelle posture professionnelle est nécessaire à l’accueil de ces rencontres ?
En quoi le croisement du judiciaire et de l’accompagnement social peut-il être opérant ?
Existe-t-il des limites à ce dispositif d’Espace de Rencontre ?
Cet article vise à apporter quelques éléments de réponses à ces questions en commençant par définir la
notion de rencontre et ses différentes dimensions à travers notamment un apport philosophique(2).Puis,
sera abordé la description du dispositif « Espace de Rencontre » : Son histoire, son cadre et sa réalité de
terrain. J’essaierai de décrire de l’intérieur le positionnement professionnel, les principes déontologiques
nécessaires au « suffisamment bon » déroulement des rencontres, pour reprendre le mot de Winnicott.
Enfin, à la lumière de ces deux approches, je tenterai de décrire quelques similitudes entre le dispositif
Espace de Rencontre et le métier de médiateur familial.
1 – Directeur de La Recampado.
2 – PEPIN.C La rencontre Une philosophie, Allary Editions, France, 2021
La rencontre ? de quoi parle-t-on ? Ce qu’elle suppose, ce qui l’empêche.
Pour que la rencontre advienne deux disponibilités doivent se « croiser » dans un même lieu au même
moment. Les guillemets pour dire qu’il ne s’agit pas de se croiser en s’effleurant à peine. Il s’agit bien
ici de se poser, de prendre son temps de se découvrir et d’accepter de changer réciproquement au contact
de l’autre. La disponibilité c’est de ne pas avoir d’attente précise, c’est être ouvert à l’inattendu. La
disponibilité renvoie ainsi à notre rapport à l’altérité. Notre rapport à l’autre mais aussi au différent, au
changement. La rencontre bouscule et il faut être prêt à être bousculé pour vivre une rencontre. Enfin
être disponible c’est habiter le présent, être « présent au présent » en quelque sorte.
Il s’agit alors de se relâcher du côté de ses mécanismes de défense, de ses habitudes, de ses stratégies de
réassurance perpétuelle.
Cela « suppose d’être en confiance », pour tenter cette aventure, « pour être à l’aise hors de ses repères »
Il y a dans la rencontre une notion préalable d’aller vers, un élan. Ainsi, la rencontre se fait dans un
double mouvement, de volonté, d’élan et de relâchement.
Pour ce qui est de la rencontre dans la famille, il faut modérer ces considérations. Le père qui rencontre
son enfant chez nous sur l’un de nos Espaces de Rencontre fait face à une situation que l’on pourrait
qualifier d’atténuée, en ce sens que son propre enfant est « moins un autre », il manque un peu d’altérité
pour parler de réelle rencontre. Cependant, certaines de nos situations sont bien particulières de ce point
de vue, comme nous allons le voir.
Enfin la rencontre, c’est aussi le surgissement du réel. Réel plus fort que l’idée que je m’en faisais. Un
des freins à la rencontre peut donc aussi venir du fait que l’on ne souhaite pas lâcher « l’idée » ou que
l’on ne souhaite pas voir le réel. Un autre frein à la rencontre, mais l’on parle plutôt là de rencontre
amoureuse, est le fait de chercher, d’attendre, dans le regard de l’autre, une image idéalisée de nous-
même.
Espace de Rencontre : histoire d’un dispositif
En 1983, en pleine montée en puissance du nombre des divorces et séparations, un groupe de travailleurs
sociaux s’est inquiété des effets délétères que pouvait avoir ces séparations sur les enfants.
Pas tant les séparations en elles-mêmes que ce que cela pouvait impliquer de prise à partie et de conflit
de loyauté lorsqu’elles étaient conflictuelles. Une association est créée, réfléchit à ce qui pourrait être
proposé et conceptualise ce qui est appeler aujourd’hui « Espace de Rencontre », nouveau dispositif
proposé aux familles qui ouvre en 1986.
Le premier objectif de ce qui s’appelait alors « point rencontre » était, de préserver l’enfant des effets
du conflit de ses parents, de faire tiers entre le conjugal en pleine hostilité, souvent ouverte, et le parental
3 – Bordeaux ouvrira quinze jours avant la Recampado le premier Espace de Rencontre sans qu’il n’y eu de
concertation entre nous. Des générations spontanées qui illustre un contexte très favorable.
qui a besoin de quiétude pour se maintenir et se développer. Un autre objectif, et non des moindres, est
de permettre à l’enfant d’avoir accès à ses deux filiations. Eviter la rupture avec l’un de ses parents
garantie à l’enfant et plus particulièrement à l’adolescence d’avoir toutes les « briques » nécessaires à
sa construction identitaire.
La particularité d’un Espace de Rencontre est qu’il se situe à l’intersection du judiciaire et de
l’accompagnement social. Le magistrat, le plus souvent le juge aux affaires familiales mais aussi parfois
le juge pour enfant, désigne le lieu pour que les rencontres aient lieu. Le parent « hébergeant » a
l’obligation d’amener l’enfant, le parent « visiteur » se voit ouvrir un droit à rencontrer son enfant. Il y
a là une asymétrie de droits qui se ressent dans le pratique et, malgré le fait que l’un des piliers de notre
intervention est de ne pas prendre parti, l’Espace de Rencontre est vécu comme le lieu du parent visiteur.
C’est dans ce contexte de contrainte judiciaire et de conflit parental que nous devons organiser et
accompagner la rencontre. C’est-à-dire faire en sorte que se croisent deux disponibilités. Travail
éminemment délicat nécessitant des conditions précises.
Certains principes encadrent utilement notre action.
Concernant la posture professionnelle, le terme adopté est celui d’intervenant. Cela signifie « venir
entre ». Il y a d’emblée du tiers entre le parent et l’enfant, au cœur de la rencontre, mais aussi entre les
parents eux-mêmes. Nous y reviendrons, mais tout d’abord il est important d’indiquer que chaque
professionnel se présente de la même manière : comme intervenant. Alors que l’équipe est
pluridisciplinaire (avec une bonne majorité de psychologues cliniciens chez nous il est vrai). Ainsi, on
ne se présente pas comme l’éducateur de l’équipe, ou le psychologue, ou la médiatrice familiale. Ce
retrait, outre la nécessaire horizontalité à l’engagement responsable de chacun, a une fonction : en
n’affichant pas sa profession, son professionnalisme, son savoir ou son expertise, nous permettons aux
familles de ne pas être prises dans une représentation trop forte à notre égard induisant des attentes. La
« neutralité » et les possibilités diverses qu’offre la rencontre doivent rester entières. La rencontre se fait
aussi avec le lieu et avec les personnes qui en sont garantes, Ce soin que l’on a à ne pas afficher notre
qualification permet aussi de se positionner comme personne citoyenne, humaine, éventuellement parent
par ailleurs prise aussi dans les enjeux familiaux, et d’intervenir à ce titre, plutôt que comme un
professionnel sachant. Cette posture professionnelle nous semble adaptée pour laisser la place à une
parentalité responsable. (Pléonasme)
De la posture à la position
Quelle est la bonne position pour l’intervenant ? L’entretien préalable va permettre de connaitre
suffisamment la spécificité de l’histoire familiale pour savoir se situer pour accompagner au mieux la
rencontre. Ni trop loin, ni trop près, savoir se retirer, au bon moment. Pour que la rencontre advienne il
faut souvent se tenir à la juste distance. Lorsque les conditions sont réunies, il n’est pas rare que les
rencontres se passent de nous, qui restons disponibles.
Un autre aspect du travail consiste à instituer du « parent » et qu’est ce qui définit mieux le parent si ce
n’est la responsabilité ? Aussi, nous l’accueillons comme parent valide a priori et si le parent prend, par
exemple, la décision de ne plus venir, nous lui demandons de formaliser cela par écrit, de se positionner.
La mesure doit être transitoire afin que les familles ne s’installent pas dans ce système et puissent se
passer de nous rapidement. Le pire revers du dispositif serait que les familles s’y installent.
Rien du contenu de la relation ne sera communiqué aux instances judiciaires ou administratives.
L’Espace de Rencontre n’est pas un lieu d’expertise. Cette forme d’indépendance doit être communiquée
aux familles reçues afin qu’elles puissent rencontrer le plus spontanément possible leur enfant. Il y a là
le souci de respecter la vie privée des personnes venant exercer leur parentalité sur un temps aussi
restreint que la mesure est restrictive des droits parentaux.
Procédure mise en place pour accompagner les familles :
En dehors des 24% de situations qui nous arrivent spontanément, nous recevons la décision de justice
qui nous désigne comme Espace de Rencontre. Nous sommes désignés et non pas mandatés. Cette
distinction est importante concernant l’indépendance du service énoncée précédemment. Puis nous
attendons. Nous attendons que l’un des deux parents nous appelle pour mettre en place les rencontres,
comme cela est demandé dans la décision. Ainsi, nous préférons que ce soit les parents qui prennent la
responsabilité d’« aller vers ».
Après des prises de RDV, malgré les résistances du deuxième parent, nous recevons chacun d’eux
individuellement et l’enfant, en entretien préalable. Celui-ci, en dehors des incontournables aspects
organisationnels (planning établi) ou réglementaires (explicitation du cadre) a de nombreux objectifs.
Ecouter leur histoire, ses différentes versions pour affiner notre positionnement et mettre en confiance
du mieux possible. « Lorsque…nous assumons nos doutes ou nos craintes, lorsque nous osons les
confier à autrui, cessons de tout calculer, de nous demander comment chaque mot sera reçu, alors un
espace s’ouvre, et la rencontre devient possible » (4)
Qu’est-ce qui s’oppose à la rencontre ?
A travers quelques descriptions, nous allons voir les enjeux des rencontres, comment et pourquoi il existe
souvent des oppositions à la rencontre. Tout notre travail consiste donc à tenter de lever ces freins. Si
aucune des situations exposées ci-dessus n’existent en tant que telles, ces profils-types permettent de
comprendre ce qui se joue dans cet espace particulier, étant entendu que chaque situation est toujours
plus complexe. En effet, les personnes et à fortiori les familles, sont toujours plus complexes que toutes
les théories qui les décrivent.
4 – Pépin. Ouvrage cité. Page 175.
– La situation « idéale » est celle qui correspond à l’historique du dispositif. Le couple se sépare,
n’habite plus ensemble. Il est en conflit conjugal. La nécessité du maintien du lien est bien comprise et
pour que l’enfant ne soit pas pris dans le conflit de loyauté, la rencontre avec son autre parent s’organise
dans ce lieu « neutre ». Il se peut même que le parent hébergeant sollicite le service car « même si l’on
ne s’entend plus il faut bien qu’il le voit de temps en temps »
– Ou alors, le parent hébergeant, huit fois sur dix la mère, fait barrage à la rencontre. L’enfant est
présenté le jour de la rencontre opposé à la rencontre, c’est-à-dire le plus indisponible possible. Pour les
situations les plus extrêmes, on est là parfois sur ce que l’on a pu appeler un temps « le syndrome
d’aliénation parental » Certains enfants restent ainsi collés au discours, le plus souvent de la mère, et
opposés aux rencontres tout le long de la mesure (généralement un an). Mais la plupart joue d’une
plasticité mentale remarquable en parvenant à donner le change à chacun : pleurant dans les bras de l’un,
puis passant le seuil, allant vers l’autre avec un sourire.
– Le parent visiteur qui reste centré et coincé dans le conflit conjugal non réglé. Il ne vient pas
exercer sa parentalité mais interroge l’enfant sur ce qu’il se passe à la maison, sur le nouveau conjoint,
dénigre l’autre parent et exprime son ressentiment. Ces situations demandent plus de proximité et
d’intervention de la part du professionnel pour recentrer ce parent sur sa parentalité en rappelant la
nature du lieu.
– Puis il y a ce papa qui ne connait pas son enfant. La séparation a eu lieu pendant la grossesse.
L’enfant a souvent moins d’un an. Il s’agit donc là d’une véritable rencontre dans toute sa dimension de
découverte et de bouleversement psychique décrit plus haut. Souvent nous nous adaptons en laissant
entrer la maman, au moins au début de la rencontre.
Le véritable commandement moral, précise Levinas ne vient ni de Dieu ni de notre conscience. Il
vient d’abord de l’autre de sa présence. De cet autre qui n’a parfois même pas besoin de dire un mot
mais se tient là devant moi, précaire, vulnérable, humain. Il suffit que je le rencontre : sa
vulnérabilité m’oblige.
– Dans le prolongement de la deuxième situation décrite, il y a l’adolescent opposé. Celui-ci va
mettre en place toutes les stratégies possibles pour ne pas rencontrer son parent. Se mettre aux antipodes
de lui dans le lieu. Porter une capuche en étant face à un jeu vidéo sur son portable, … Ces situations
sont délicates à gérer, elles peuvent facilement dégénérer en violence en cas de forçage. La modalité qui
consiste à accueillir dans l’Espace de Rencontre en collectif a ici une fonction importante. Les pères qui
discutent entre eux de leur ressentiments, échanges sur ce qu’il y a lieu de faire. Il n’est pas rare qu’une
autre famille vienne apporter le petit quelque chose qui suffit à débloquer la situation.
– Puis il y a les situations de violence intra familiale qui concernent environ 35% des familles
reçues avec parfois une interdiction d’approcher l’autre. (Environ 8% viennent sur ordonnance de
protection). Il nous faut alors organiser concomitamment la non-rencontre entre les deux parents et la
5 – Pépin. Ouvrage cité. Page 99.
rencontre parent-enfant. Cela se fait en différant les heures d’arrivée. Le parent visiteur arrive un quart
d’heure plus tôt et s’installe dans l’espace. A l’arrivée de l’enfant, l’intervenant l’y accompagnera,
depuis le seuil. Le travail entrepris alors pour faire évoluer la situation, pour que cette famille puisse se
passer de nous, trouver d’autres solutions, est d’instaurer un échange entre les parents sans qu’ils ne se
croisent.
Parfois, nous nous posons la question des limites. Par exemple la limite de temps confronté au principe
transitoire de la mesure. Certaines situations, très dégradées ne trouvent aucune issue pour « se passer
de nous ». Des situations de grande précarité par exemple. Le principe du dispositif transitoire se heurte
alors à la réalité. Nous sommes persuadés que sans nous le lien sera rompu. La limite vient aussi parfois
de la pathologie mentale non traitée du parent qui heurte alors l’enfant et qui s’y oppose souvent. S’il
semble important qu’il puisse découvrir le parent réel au-delà du parent idéalisé, la question peut se
poser « du maintien du lien à tout prix ». Il est clair que notre société aujourd’hui a placé le curseur
idéologique du maintien du lien enfant-parent assez loin. Pour notre part, nous nous interrogeons
toujours du point de vue de l’enfant qui est au centre de notre projet associatif. Ainsi, pour les situations
limites, nous nous posons en équipe la question : Du point de vue de l’enfant est-il souhaitable que la
rencontre ait lieu ?
Une autre limite touche au non-respect du règlement intérieur. Lorsque le conflit est tel que nous sommes
pris dans la manifestation d’une animosité incontrôlée et que cela nuit à l’enfant, aux autres familles
présentes ; Nous cherchons des solutions, nous formalisons des entretiens de suivi, avec un rappel du
cadre. Mais parfois nous devons suspendre ou interrompre la mesure avec une note d’incident envoyée
au magistrat.
Des ponts avec la médiation familiale :
Cet aperçu de ce qui se joue dans les Espaces de Rencontre n’est pas sans rappeler le métier de médiateur
familial. Tout d’abord il y a la posture de tiers aux fondements de ces deux pratiques. Il n’est pas un
hasard que les pionniers des espaces de rencontre se soient très rapidement intéressés à la médiation
familiale. Celle-ci s’est calée dans le sillage déjà tracé de la fonction de tiers dans la famille.
Au niveau de l’accès à ces deux dispositifs inscrits dans les politiques de soutien à la parentalité, il est
intéressant de constater que cela peut se faire sous-main de justice ou à l’initiative des familles. Il s’agit-
alors dans ce dernier cas d’une libre adhésion, pilier déontologique de la médiation. (Mais ce ne sont
pas tous les ER qui offrent cette deuxième possibilité)
Le travail, des deux côtés, se fonde sur la responsabilisation du parent. Aucune décision ne doit être
prise ni par le médiateur ni par l’Espace de Rencontre. (C’est pourquoi lorsque qu’un magistrat écrit
dans sa décision « Monsieur pourra rencontrer son enfant par l’intermédiaire de l’Espace de Rencontre
qui pourra autoriser des sorties après quelques rencontres… » cela nous met en position d’évaluateur
et de décideur ce qui est très inconfortable. Nous travaillons en concertation avec nos prescripteurs pour
que cela n’arrive pas. Une forte similitude existe aussi entre les accords en médiation et les ententes
parentales en Espace de Rencontre. En effet, puisque la décision du juge aux affaires familiales est
entendue a priori comme « sauf meilleur accord des parties », nous utilisons souvent ce levier pour
mettre « mieux d’accord » les parents. Ainsi, à l’issue, pendant, ou même parfois avant toute rencontre
nous incitons les familles à se passer de nous. Celles pour qui un apaisement est perçu comme possible,
nous les invitons à venir en entretien de suivi formaliser par écrit les termes de leur entente. Il est entendu
qu’en cas de nouveau conflit ils en reviendrons aux termes de la dernière décision de justice rendue.
Pour les deux métiers, il existe une phase préparatoire non négligeable à la rencontre. Les entretiens
d’information en médiation et les entretiens préalables en Espace de Rencontre tentent de réunir au
mieux les conditions de la rencontre. Que ce soit pour la rencontre avec son enfant, ou pour la rencontre
avec l’autre partie dans l’espace de médiation familiale, cela demande principalement une mise en
confiance.
Enfin, mais il y a certainement d’autres similitudes qui m’échappent, le travail spécifique décrit plus
haut dans les cas de violences conjugales, lorsqu’il y a une interdiction d’approcher, ressemble
étrangement à ce que l’on nomme la médiation navette.
La « commande » d’organiser des rencontres enfant-parent qu’elle soit judiciaire ou spontanée n’est
qu’un point de départ. Elle ouvre à d’autres rencontres : avec le lieu, avec un nouveau rapport à l’autre,
non jugeant et parfois même avec l’autre parent, autrement. La fonction de tiers invite à sortir de la
binarité, ouvre parfois à un autre rapport à l’altérité. L’autre peut ne plus apparaître comme seulement
bon ou mauvais, avec ou contre soi. Elle permet de sortir d’une certaine crainte de l’autre et apporte la
nuance nécessaire aux rapports humains.
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